Mesvin, un village aux racines très anciennes
Mesvin est un petit village du Borinage qui s’étend sur 225 hectares, entre 41 et 70 mètres d’altitude, et qui compte environ un millier d’habitants. Depuis 1977, il est rattaché administrativement à la ville de Mons. Son territoire est habité depuis la plus haute antiquité et a même donné son nom à une culture préhistorique : l’« industrie mesvinienne », datant du Paléolithique, caractérisée par des outils en silex tels que grattoirs et racloirs. Les « Mesviniens » vivaient à l’époque des mammouths, et au XIXe siècle, d’importantes découvertes paléontologiques dans les craies locales ont confirmé la richesse du sous-sol. Le village était traversé par la chaussée romaine reliant Bavay à Utrecht, ce qui en faisait déjà un lieu de passage important. Au Moyen Âge, Mesvin dépendait du chapitre Saint-Vincent de Soignies, qui y possédait terres et droits de justice dès le Xe siècle. Jusqu’au XIVe siècle, il partageait d’ailleurs son église avec le village voisin de Ciply.
Longtemps agricole, Mesvin produisait céréales, lin, colza et cultures vivrières, tout en profitant de l’extraction de pierre bleue, utilisée notamment pour les fortifications de Mons entre le XVIIe et le XIXe siècle. Plus tard, ce furent les gisements de phosphates, exploités entre 1879 et 1924, qui firent sa renommée, même si aucun charbonnage n’y vit jamais le jour. La majorité des habitants travaillait alors dans les mines voisines de Flénu, tandis que deux fabriques d’engrais chimiques s’installèrent sur place, témoignant d’une activité économique tournée vers les ressources naturelles et leur transformation.
Son patrimoine religieux et culturel est également remarquable. L’église Saint-Vincent, construite en 1895 dans un style néo-gothique, abrite de précieuses orgues construites par les frères Link en 1899, restées intactes depuis leur installation. À proximité se trouvait l’abbaye du Bélian, fondée en 1244 par le chanoine Wauthier Harduin. Baptisée « Bethléem » en souvenir de la naissance du Christ, elle fut occupée par des sœurs augustines venues de Paris et reçut de nombreux dons des comtes de Hainaut, du chapitre de Soignies et même de l’Ordre du Temple. Outre son rôle spirituel, l’abbaye se distingua par sa vocation éducative et charitable : dès le XVIe siècle, elle dispensa gratuitement des cours aux jeunes filles de la région, puis accueillit, à la fin du XVIIIe siècle, les enfants de plusieurs villages voisins, leur fournissant matériel scolaire, vêtements et parfois nourriture. Les curés des paroisses voisines louèrent d’ailleurs la qualité de cette instruction. L’abbaye joua également un rôle stratégique en servant de quartier général lors de plusieurs sièges de Mons, notamment en 1572 pour le duc d’Albe et en 1691 pour Louis XIV.
Enfin, Mesvin reste mondialement connu des paléontologues grâce à ses carrières de craie phosphatée, exploitées intensivement au XIXe siècle. C’est là qu’ont été découverts pas moins de cinquante-deux squelettes de mosasaures, constituant la plus importante collection de l’Ancien Monde. Parmi eux, le spectaculaire Hainosaurus bernardi, un reptile marin de près de douze mètres de long, surnommé le « saurien de la Haine », qui témoigne du riche passé marin de la région il y a plus de 65 millions d’années. Ces découvertes ont fait de Mesvin, au même titre que Ciply, une référence incontournable pour la recherche en paléontologie.
Aujourd’hui, bien que réduit à un village paisible tourné essentiellement vers l’habitat résidentiel, Mesvin conserve la mémoire d’un passé exceptionnel, à la fois préhistorique, médiéval, religieux, agricole et scientifique, qui en fait un lieu unique dans le patrimoine montois.