Ce nouvel espace muséal invite les visiteurs de tous âges à s’interroger sur les réalités multiples et complexes des phénomènes guerriers. Une vaste exposition permanente confronte le public à l’histoire singulière de la ville de Mons ainsi qu’aux événements internationaux des deux guerres mondiales et des périodes qui les enserrent. À travers le destin d’hommes et de femmes témoins des événements, le visiteur est plongé dans le vécu quotidien des soldats et des civils en période de guerre. Ces témoignages forment le véritable fil conducteur de la visite et viennent donner vie aux objets présentés. Par ces lettres, carnets de note et interviews, c’est un regard sensible qui est jeté sur les événements traités dans le Mons Memorial Museum. Les objets exposés, sélectionnés parmi les 5000 que comptent les collections d’histoire militaire de la ville de Mons, posent une réflexion fondamentale sur les rapports entre population civile et militaire. Réflexion qui prend corps dans un parcours conduisant le visiteur du Moyen Âge, en passant par l’Ancien Régime, jusqu’aux deux guerres mondiales. Celle-ci peut se poursuivre dans la salle d’exposition temporaire qui propose régulièrement aux visiteurs un focus sur un sujet d’histoire militaire. Un authentique "territoire" de mémoire Le nouvel espace muséal devait dans la continuité historique de l’ancien musée en permettant aux collections de revivre; mais devait, surtout, marquer une rupture, en proposant une scénographie radicalement différente qui réponde aux attentes contemporaines. Le musée d’Histoire se transforme en un véritable lieu de questionnements dans lequel les nouvelles technologies (projection 3D, « serious game », table interactive,…) sont mises en œuvre pour mettre en forme le contenu historique ; lui donner du relief. L’utilisation de témoignages (interviews, lettres,…) est également au cœur du concept qui met l’accent sur la notion de relais, de transmission de l’Histoire.

Expositions temporaires

« Un numéro, un destin. Au service de Napoléon »
Que choisiriez-vous? Partir à la conquête de l'Europe pour la France et Napoléon ou rester vivre à Mons et voir votre quotidien métamorphosé par les effets de la Révolution ? Que ressentiriez-vous si ce choix ne vous appartenait pas mais était le fruit de la froide et implacable justice d'un tirage au sort? L’exposition Au service de Napoléon. Un numéro, un destin propose de revivre la conscription sous les régimes français instaurés, chez nous, entre la bataille de Jemappes (1792) et la bataille de Waterloo (1815) et de replonger dans une époque où le destin de nos aïeuls ne tenait qu'au seul fruit du hasard. Une fois à l'intérieur de l'exposition, vous vous verrez attribuer un numéro et serez, par tirage au sort, guidés vers l'un des deux destins parallèles proposés : le quotidien du conscrit sous la bannière française ou la vie des civils restés "au pays". Désigné comme conscrit ? Vous découvrirez la vie de ces soldats partis à l'autre bout de l'Europe pour combattre les ennemis de la France. Au travers de lettres poignantes laissées par ces soldats et une série d'objets de leur quotidien, ce parcours invite le visiteur à se replonger dans les longues marches des grognards de Napoléon et à ressentir le manque de sommeil, de nourriture et d'hygiène qui caractérisait cette vie d'aventure promise par les recruteurs. Restez dans la vie civile ? Vous constaterez, un quotidien bouleversé, allant de l'adoption d'un nouveau calendrier à la suppression des références à la religion en passant par l'obtention du droit de vote, l'accès à un nouveau marché économique gigantesque et de nouvelles influences culturelles. Les nombreuses traces administratives, urbanistiques, culturelles et économiques laissées par les français reflètent la façon dont l'anticléricalisme, les politiques économiques et la propagande du nouveau pouvoir français vont transformer le quotidien des Montois d'alors. Une coproduction de la Fondation Mons 2015 et du Pôle muséal de la Ville de Mons, en collaboration des Archives de l’Etat.

Expos permanentes

Au sein du Mons Memorial Museum, 1200 m² sont consacrés à l’exposition permanente. Grâce aux objets exposés et par la présence de témoignages, véritables fils rouges de la visite, le visiteur découvre l’histoire militaire de la Ville de Mons de l’Ancien Régime à la Seconde Guerre mondiale. Cette histoire est présentée et expliquée à la lumière des événements internationaux qui lui donne sens. Au centre d’un territoire de mémoire, le Mons Memorial Museum invite le public, au terme de sa visite, à parcourir ce territoire riche en traces historiques et mémorielles. Ancien Régime La période allant du Moyen Age à la Première Guerre mondiale couvre à peu près 20% de l’espace de l’exposition permanente. De par sa position stratégique, la ville de Mons fut témoin, durant toute son histoire, de nombreux affrontements. Fortifiée dès le XIIe siècle, son histoire est jalonnée de batailles, sièges, incendies et reconstructions. Maintes fois occupée, la ville accueillit également, en temps de paix, de nombreuses garnisons qui cohabitèrent avec les civils. Ces échanges obligés entre soldats et habitants structurèrent la société montoise à l’ombre de la position fortifiée. Avec l’indépendance du Royaume de Belgique en 1830, c’est une longue période de paix qui s’ouvre, marquée par les progrès industriels dont Mons et sa région profiteront largement. L’évolution des remparts jusqu’à leur destruction définitive en 1871, les batailles, les sièges, les occupations successives, les révolutions et l’instauration de la Garde civique sont autant de sujets qui sont abordés dans cet espace. 14-18 Une part importante du parcours permanent est réservée à la Première Guerre mondiale : 40% du musée lui est consacrée. Au cours de ce conflit, Mons occupe une place à part : elle est tour à tour lieu de combats et zone d’occupation. Théâtre du premier affrontement entre armée britannique et allemande lors de la Bataille du 23 août 1914, Mons est également l’endroit où les armées alliées s’arrêtent le 11 novembre 1918 lors de leur offensive victorieuse. Avant de connaître la libération, les montois vivront pendant quatre ans l’occupation. Restrictions en tous genres, contrôles incessants et humiliations seront le lot quotidien de tous les civils qui, pour la plupart, s’efforcent de vivre le plus normalement possible. Le sort des soldats, cantonnés dans les tranchées boueuses et humides du front de l’Ouest est largement évoqué. Ses liens avec la famille restée à l’arrière, ses réactions face aux armes nouvelles, ses difficultés à regarder la mort en face sont autant de sujets dont parlent les carnets de guerre des soldats et les lettres qu’ils envoient à l’être aimé. Ces témoignages inédits sont le fil rouge de la visite, donnant aux événements historiques un aspect sensible et affectif.

40-45 La Grande Guerre inaugure un cycle de violence qui va culminer au cours de la Seconde Guerre mondiale. Ce conflit couvre, au même titre que la guerre 14-18, une partie essentielle du parcours permanent du Mons Memorial Museum. Mons est encore une fois envahie par une force armée et connait à nouveau les affres de l’occupation. Les civils se retrouvent de nouveau au centre du conflit, parfois en tant qu’acteurs au sein de la résistance, souvent en tant que victimes de vexations, de déportations et d’une extermination de masse. La libération de Mons en septembre 1944 par les troupes américaines marque le début d’une liberté retrouvée, d’une reconstruction, mais aussi de difficultés économiques et sociales. Ici aussi, les témoignages des survivants de l’époque permettront aux visiteurs de porter un regard nuancé sur les événements qui se déroulent durant ces années.

Une philosophie architecturale

Le nouvel espace muséal occupera le site de la Machine à Eau. Ce remarquable édifice bénéficie d’une place importante dans l’histoire civile, architecturale et urbanistique de la Ville de Mons. Restauré au début des années 1990, le bâtiment classé est préservé et magnifié au sein d’un complexe architectural ambitieux. Deux extensions contemporaines complètent de part et d’autre le bâtiment historique, l’englobant dans un ensemble porteur du sens de sa nouvelle destination. Les architectes Pierre Hebbelinck et Pierre de Wit ainsi que leur équipe ont souhaité répondre à deux composantes urbaines importantes. La première se fonde sur les observations de l’évolution de la Ville de Mons qui connait un tournant important dans son développement. Au XIXe siècle, les remparts de la ville sont démolis au profit de l’installation de bâtiments civils (gare, hopital, prison, écoles, Machine à Eau,…). Le bâtiment historique représente un témoignage d’une révolution des comportements d’une société en mouvement. Il s’avère que c’est cette période qui fait charnière entre les deux grandes thématiques du Mons Memorial Museum. Une époque de défense et d’intériorisation passant à une époque d’ouverture et de progrès qui sera plus que jamais propice aux agressions. Cette notion de charnière a convaincu les architectes de l’importance d’utiliser le bâtiment historique comme articulation du projet. La Machine à Eau deviendra à la fois le point de convergence, d’accueil et de départ des visites. Elle sera le pôle de rencontres au sein d’un complexe de plus de 3000 m². La deuxième composante urbaine prise en compte est la désintégration de l’environnement immédiat du bâtiment, composé d’une somme d’espaces indéfinis déstabilisant lourdement le positionnement de la Machine à Eau dans le tissu urbain. La position des architectes tient à résoudre cette décomposition en rétablissant un front contigu sur l’angle du boulevard Dolez. Les gabarits des nouvelles installations s’inscriront dans la continuité typologique laissant aux bâtiments anciens leur identité propre. L’expression des extensions développe deux éléments essentiels. Le premier est la valorisation de l’aspect ouvert et lumineux du corps du bâtiment existant. Un important porte-à-faux élève une partie du bâtiment, celui-ci symbolise l’effort et le difficile équilibre de la paix. L’opacité ou, en tout cas, les ouvertures choisies des annexes est déterminant pour contraster avec les spécificités de la Machine-à-eau et valoriser le caractère introspectif des œuvres présentées dans le parcours muséal. L’architecture répond au scénario voulu par l’équipe scientifique et muséographique. Le propos muséal suit la chronologie de l’histoire singulière de Mons liée à sa coexistence civile et militaire. La lumière naturelle de la Machine à Eau sert d’articulation aux périodes de liberté. Le parcours, où cette lumière est dosée, colorée, s’inscrit en pente douce pour faire arpenter de manière sensorielle les visiteurs aux travers des périodes de conflit. Les matières dont sera fait le Mons Memorial Museum trouvent leur sens sur place. Ces matières seront la lumière (très appuyée dans la Machine à Eau et, par contre, dirigée sur les œuvres dans le parcours), la mémoire (valorisation du bâtiment classé) et l’Histoire. Les trois matériaux principaux du bâtiment historique se retrouveront dans les nouvelles ailes et à l’intérieur du bâtiment : - L’acier : les métaux sont des matériaux importants en temps de guerre mais sont aussi le symbole de la prospérité des périodes de mutation. L’utilisation de ceux-ci dans la muséographie rappellera également les meneaux des grandes verrières du bâtiment principal ; - La brique : les extensions voulues monolithiques seront réalisées en brique ; nous sommes sur la trace des remparts qui introduira ce lien ; - Le verre : présent sur les larges façades en vitrage à meneaux de fer, le verre sera utilisé pour créer les brèches et les quelques regards dans les ailes latérales. Ces ouvertures lumineuses, placées en des points stratégiques du parcours, tourneront les regards du visiteur vers des points ciblés de l’extérieur. Autre dimension importante du projet : la requalification des abords directs au service du parcours. Les architectes ont souhaité proposer une déambulation extérieure pour compléter la visite intérieure. Le visiteur pourra rejoindre le bord de l’étang depuis le bâtiment. Un espace mémoriel est aménagé sous le porte-à-faux du bâtiment, celui-ci invitera, à qui souhaite, à un moment de recueillement ou de réflexion en aval de la visite. Un jardin est également aménagé, il y sera planté des hêtres pourpres, un érable du Canada et semé de nombreux coquelicots en hommage aux célèbres « poppies » anglo-saxons. Découvrez la vie du chantier en photos par l'Atelier d'architecture Pierre Hebbelinck et Pierre de Wit Equipe de conception - Architecte – auteur de projet : Atelier d’architecture Pierre Hebbelinck et Pierre de Wit - Etudes stabilité : Bureau d’étude Greisch - Etudes techniques spéciales : Bureau d’étude Pierre Berger - Muséographe : Winston Spriet et Martial Prévert - Conception multimédia : Christian Barani - Conseillers historiques : Emmanuel Debruyne et José Gotovitch

Historique

La Machine à Eau réaffectée Entre 1871 et 1961, la Machine à Eau a alimenté toute la ville de Mons, faisant de ce réseau de distribution d'eau l'un des plus important de Belgique. Un siècle de distribution en eau A partir de 1861, d'immenses travaux furent entrepris à Mons, modifiant à jamais le visage de la ville. La cité hainuyère devint, pendant plusieurs dizaines d'années, un véritable chantier, qui débuta par la destruction des fortifications hollandaises. C'est ainsi qu'en 1865, de larges voies de circulation apparaissent: la Grande voirie d'une part, les boulevards d'autre part. De nouveaux axes, situés dans le prolongement des principales rues de l'intra-muros, furent tracés pour relier le centre de Mons aux nouveaux quartiers périphériques. De nouveaux bâtiments publics furent érigés le long des boulevards: l'hôpital civil, la prison, la gare, l'école normale... La destruction des fortifications fut également l'occasion, pour les autorités communales, de mettre en oeuvre un vaste projet de distribution d'eau. Les mauvaises conditions d'hygiène et la pollution des nappes aquifères menaçaient la santé des Montois. Le souvenir des grandes épidémies de choléra de la première moitié du XIXe siècle restait vivace. Dès 1863, le conseiller communal et ingénieur Jules Drion proposa de dévier le cours de la Trouille qui traversait la ville. Un long collecteur d'égouts serait construit suivant l'ancien tracé de la rivière et la ville serait alimentée en eau via une station de pompage. Le projet fut approuvé en 1865. De grands travaux furent entrepris dès 1869: pose des canalisations, installation des réservoirs, construction du barrage-déversoir. Pour abriter les appareils élévatoires, un bâtiment fut construit boulevard Dolez, en 1870-1871. L'édifice, dû à l'architecte montois Joseph Hubert, était composé d'un hall principal, éclairé par de larges façades en vitrage. Les murs de briques soutenaient une charpente d'acier formant un toit à double pente. Cette partie centrale fut flanquée de deux pavillons en pierres et briques, construits dans la tradition de l'architecture industrielle utilitaire, du début du XIXe siècle. La Machine à Eau commença à fournir de l'eau potable dès 1871. Près d'un siècle de bons loyaux services plus tard, en 1961 précisément, la Machine fut démantelée. L'ensemble fut définitivement désaffecté en 1974. Seul subsiste encore le bâtiment principal de l'édifice, classé en 1977 et restauré par la Banque nationale voisine, au début des années 90. Un petit étang rappelle le bassin de natation, l'abreuvoir, formé grâce au barrage qui retenait les eaux de la Trouille.Le bâtiment fut revendu à la Ville de Mons en 1996. Les Montois restent intimement attachés à cet édifice qui fait partie de leur quotidien depuis 140 ans. Le lieu, bien qu’ayant perdu son utilisation première, continue à vivre, en accueillant divers évènements culturels. Beaucoup se souviennent être venus observer l'impressionnante machinerie dont le soleil faisait briller le laiton et l'acier. Le lieu servit d'écrin à divers événements culturels. Il s’apprête à connaître une nouvelle vie. Dès 2015, en effet, il hébergera le nouveau Centre d’Interprétation d’Histoire Militaire de Mons, baptisé Mons Memorial Museum. Plus qu’un simple lieu d’exposition, ce nouvel espace muséal invitera le visiteur à se questionner sur les grands conflits du XXe siècle, au travers de l’histoire tourmentée de la cité hainuyère. Les objets exposés seront vecteurs de questionnements. Empruntés aux riches collections de la ville de Mons, ils assureront la pérennité d’une culture, d’une mémoire entretenue depuis la création du Musée du Centenaire en 1930.

Parcours de mémoire

14'-18' La Grande Guerre – Corps et arme de Paix (projet Interreg IVa) Parcours de mémoire 14'-18' Dès le début de la Première Guerre mondiale, Mons se retrouve malgré elle au cœur du conflit. C’est dans cette région qu’ont lieu les premiers affrontements entre l’armée allemande et les soldats britanniques au cours desquels meurt le premier soldat britannique de la Grande Guerre, John Parr. Lors de la Bataille de Mons du 23 août 1914, c’est une « petite armée » venue d’Outre-Manche qui s’oppose à des forces allemandes deux fois supérieures en nombre. Finalement, les troupes britanniques parviendront à s’extirper du piège in extremis – serait-ce grâce aux Anges de Mons ? – et à opérer une retraite vers la France. Ils y livreront une bataille sanglante à Cateau dans le Cambrésis. Pour les soldats de l’Empire britannique, un combat terrible de quatre ans a commencé à Mons et… s’est terminé à Mons le 11 novembre 1918, jour où l’armistice est signé. Le même jour, le private George Lawrence Price est tué par un sniper allemand à Ville-sur-Haine, tout près de Mons. Il devient le dernier soldat de l’empire britannique à être tué lors de la Première Guerre mondiale. Pour l’armée britannique, Mons devient un endroit hautement symbolique : the First and the Last. En effet, c’est au cimetière de Saint-Symphorien que sont enterrées face à face, les dépouilles de John Parr, premier soldat britannique tué lors du conflit et de George Ellison, dernier soldat britannique tué au combat. Par le rôle central qu’elle occupe lors de la bataille du 23 août 1914 et lors des derniers affrontements de la guerre le 11 novembre 1918, la Ville de Mons est au cœur d’un véritable territoire de mémoire. Monuments, mémoriaux et lieux emblématiques parsèment la région. Grâce à un parcours de mémoire accessible dès août 2014, nous vous proposons de (re)découvrir ces lieux de bataille, de tragédie et de recueillement. Issu d’un partenariat transfrontalier, ce projet de parcours mémoriel est soutenu par divers partenaires de Mons (Ville de Mons, Office du Tourisme et Mundaneum), de la région de Cambrai (Office du Tourisme, Communauté de communes du Caudrésis-Catésis et Communauté d’agglomération de Cambrai) et est financé par l’Union européenne. Le souhait général du projet est de valoriser la retraite britannique du 23-26 août 1914 en tant que périple de la mémoire d’un corps expéditionnaire qui livre bataille à Mons et se replie vers le Cateau.